Comunicat/ Communiqué

Robert Lafont nous a quittés.

juin 2009.
 
Alors qu’un colloque sur son action et ses écrits politiques était déjà lancé par Gardarem la Tèrra pour les 26 et 27 septembre à Nîmes, Robert Lafont, le grand intellectuel engagé et écrivain occitaniste, citoyen d’Europe et du Monde, est décédé ce 24 juin, à Florence, en Toscane

Les membres et amis du mouvement altermondialiste et occitaniste Gardarem la Tèrra, lancé le 9 août 2003 sur le Larzac sur la base d’un manifeste écrit essentiellement par Robert Lafont, ont appris avec beaucoup d’émotion ce mercredi 24 juin son décès, après plusieurs mois de dégradation de son état de santé ayant interrompu depuis début 2008 la poursuite de son oeuvre de socio-linguiste, d’écrivain et d’intellectuel engagé au meilleur sens du terme.

C’est une grande figure de l’histoire européenne du XXème siècle (il était né à Nîmes le 16 mars 1923) ; après avoir participé à la Résistance, il a notamment été en 1945 l’un des fondateurs de l’Institut d’Etudes Occitanes dont il demeura durant 35 ans un acteur majeur. 
 D’une culture exceptionnelle et d’une force de travail au-dessus du commun, Robert Lafont n’avait cessé, depuis 1946, de mener de front une œuvre de création profondément originale, abordant tous les genres (théâtre, poésie, roman, avec plus de 40 titres publiés) et les travaux de recherche et de critique en linguistique (16 titres), en littérature (20 titres) auxquels s’ajoutent, à partir des années 60, les essais historiques et politiques (22 titres).

Dans tous ces domaines, il a créé, innové, surpris, modifié les perspectives, ouvert des voies nouvelles. 
 Il joua aussi un rôle déterminant dans la création du Comité Occitan d’Etude et d’Action né de la rencontre lors de la grande grève des mineurs de Decazeville entre vie culturelle occitane et action sociale.

En passant par une tentative de candidature à l’élection présidentielle de 1974 récusée par le Conseil Constitutionnel, de Lutte Occitane au début des années 70 au Parti Occitan (et par là dans Région et Peuples Solidaires, partie prenante du succès d’Europe Ecologie aux dernières élections européennes) mais aussi dans un large arc politique allant de la démocratie chrétienne à la façon catalane de Jòrdi Pujol au Nouveau Parti Anti-Capitaliste à la façon souveraineté populaire à tous les niveaux de Raoul Marc Jennar, sans oublier un long bout de chemin avec le Parti Communiste Français en lien particulièrement avec Maurice Verdier, Robert Lafont a fait avancer des analyses et propositions politiques en rupture avec le césaro-bonapartisme de l’Etat français.

En permettant à des acteurs sociaux "différents" de réfléchir et d’agir ensemble autour de lui, il a également largement contribué à l’exceptionnel mouvement social de début 1976 qui vit en Languedoc-Roussillon un mouvement de forces populaires réunissant Comité Régional d’Action Viticole, CGT, CFDT, FEN et CID-UNATI prolongé en 1978 sous forme d’une amorce d’états généraux du peuple pour « Vivre, Travailler et Décider au Pays »...

Avec Emmanuel Maffre Baugé et Jean-Pierre Chabrol, on le vit ensuite à la tête du manifeste "mon país escorjat". On le retrouva plus tard à l’initiative du Club Mutations puis du Forum de l’Innovation Sociale et Politique avant que la nécessité de mieux articuler réflexion et action ne le conduise à faire proclamer le manifeste Gardarem la Tèrra lors du grand rassemblement Larzac 2003. 
 C’est de ce manifeste qu’est né, avec le soutien concret de Robert Lafont, le mouvement Gardarem la Tèrra, qui s’est rapidement structuré en deux comitats de país (nimesenc et montpelhierenc) avec quelques membres et correspondants un peu partout, y compris bien au-delà de l’espace occitan.

Ce mouvement a en particulier réalisé deux "caravanes occitanes" (février 2004 et octobre 2005) et a réalisé un coin forums ainsi que l’organisation de la soirée aux arènes lors de la manifestation "anem òc per la lenga occitana" du 17 mars 2007 à Béziers ; un remarquable texte en occitan de Robert Lafont a été lu et diffusé à cette occasion. Depuis plusieurs mois, à l’initiative de son Comitat dau País Nimesenc, Gardarem la Tèrra prépare, pour les 26 et 27 septembre à Nîmes, un colloque nourri par une quinzaine de contributions et comportant deux tables-rondes avec des témoins-acteurs sociaux et politiques. 
 Alors que pour beaucoup de ses membres et ami-e-s, Robert Lafont a été une sorte de père en occitanisme ouvert sur le monde et qu’ils s’en sentent aujourd’hui douloureusement orphelins, Gardarem la Tèrra veut que la tenue du colloque du 26 et 27 septembre, préparé pour donner un nouvel écho à son oeuvre alors que son état de santé ne lui permettait déjà plus d’agir avec nous, soit un hommage vivant à sa pensée dynamique indissolublement liée à une action engagée et lucide.

Comme il est écrit dans la plaquette de présentation du forum (qui peut notamment être demandée à l’adresse internet "gardaremlaterra@yahoo.fr"), "Robert Lafont, écrivain, linguiste ou historien, nous donne une infinité de clés, dans une intelligence du monde et de soi qui ouvre de nouveaux horizons à l’action collective".

L’être de chair et de sang est mort à 86 ans révolu, mais avec Gardarem la Tèrra, il continue à nous dire, comme appel à la poursuite de l’action et de la réflexion, selon la dernière expression (en français et en occitan) du manifeste du 9 août 2003 :

"Vive le Peuple de la Terre !

Visca lo Pòble de la Tèrra !"

Gardarem la Tèrra

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