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Gardarem la tèrra discute avec les collectifs antilibéraux

mercredi 15 novembre 2006.
 

Depuis quelques mois, dans la suite de la dynamique des comités du non au TCE, des citoyens se sont rassemblés dans des collectifs anti-libéraux. Ils ont pour but de réfléchir à un programme de rupture avec les politiques donnant la priorité à la finance au dépend de l’Homme.

Ainsi, des milliers de personnes, militants issus du PCF, de la LCR, des Verts, des Alternatifs, de l’Altermondialisme, citoyens sans appartenance politique, débattent, rédigent un programme et bientôt vont désigner un candidat qui portera les couleurs d’une Alternative Unitaire à Gauche.

Depuis le début de nombreux militants de GLT participent à titre individuel à ces comités. Notre association interressée par cette démarche qui s’appuie sur la base et non sur les état-majors de partis, a décidé de rentrer en discution.

Nous sommes d’accord sur le constat et les objectifs, remettre l’Homme et non les marchés financiers au centre des préoccupations de notre République. Mais nous ne sommes pas d’accord sur tout, par exemple la place des langues régionales dans notre pays. Nous savons cependant que nous pouvons débattre librement dans ces comités pour pouvoir faire évoluer les positions.

Dans un domaine qui nous est cher, la promotion de la diversité culturelle, nous avançons ainsi des propositions : (cf nos propositions).

Nous pensons qu’accepter enfin le développement des cultures historiques, que sont les cultures occitane, basque, bretonne, alsacienne, flamande, catalane ainsi que les cultures d’outre -mer, serait la marque d’une véritable ouverture d’esprit, mais avant tout de respect. Ce serait aussi la fin d’une pensée unique qui confond République unique et Culture unique. Il n’est évidemment pas dans notre objectif de mettre à mal la culture française qui est le bien de chaque citoyen de ce pays, notre but est de permettre la coexistence démocratique de plusieurs cultures aussi légitimes les unes que les autres.

Gardarem la Tèrra, Voici le document que nous présentons aux collectifs unitaires anti-libéraux :

CE QUE NOUS VOULONS

Proposition pour enrichir et compléter le document-programme du collectif d’initiative national élections 2007.

GARDAREM LA TÈRRA est un mouvement né sur le Larzac lors du grand rassemblement d’août 2003 . Mouvement d’action et de réflexion alter-mondialiste , il participe entre autres aux luttes sociales et antilibérales (TCE,CPE, OGM ...). Son manifeste fondateur proclame les droits politiques , sociaux, culturels, linguistiques et écologiques à caractère vital pour tous les êtres humains d’aujourd’hui et de demain. Gardarem La Tèrra , dans la continuité des propositions faites au collectif d’initiative national pour une candidature commune, se sent en accord pour demander d’ajouter clairement dans le programme la préoccupation que sont les langues et les cultures sans état. Le droit à la diversité culturelle et linguistique c’est le droit à la vie et le devoir de respecter chaque être humain, chaque culture et chaque langue de la Terre. Nous nous appuyons sur le droit universel des populations à parler leur langue en référence à la Convention sur la diversité culturelle adoptée par l’UNESCO. A ce jour, la France est mise à l’index par le parlement européen pour n’avoir toujours pas ratifié la Charte des langues et cultures minoritaires. Le déni de langue est un déni de démocratie ! Respecter le peuple c’est aussi respecter les langues et cultures sans état, sur le territoire de la république française comme sur toute la planète . La diversité est un contre-pouvoir à la pensée unique libérale, à l’uniformisation mondialisée. Affirmer sa culture et sa langue est un moyen de refuser cette uniformisation des hommes et cette pensée unique, face à l’impérialisme des états capitalistes et l’hégémonie d’une seule langue d’état au détriment des langues minorisées. Aucune langue n’est supérieure à une autre. Une démarche véritablement démocratique pour la diversité culturelle ne peut pas s’appuyer uniquement sur des langues et cultures d’état.On assisterait dans ce cas à un combat entre langues et cultures , instrumentalisées par des états impérialistes. Cette diversité culturelle, tout comme la biodiversité, est un enjeu majeur pour les années à venir. Désormais, il faut remédier à l’absence de politique positive pour la transmission des langues que sont l’occitan, le basque, le catalan, le corse, le franco-provençal, l’alsacien, le francique de Moselle, le flamand, le breton, les langues d’outre-mer...

En rupture avec cette politique, en continuité avec la pensée de Jean JAURÈS ( voir annexes ), Gardarem La Tèrra propose

dans l’enseignement , que chacun puisse avoir accès, s’il le souhaite , sous des formes diverses : à un enseignement en langues régionales/historiques ( bilingue à parité horaire ou en immersion) ; un enseignement de ces langues et cultures régionales. Il s’agit d’une politique d’offre généralisée de la maternelle à l’université.

Dans la création, le soutien avec une politique spécifique en faveur de l’édition, du théatre, du spectacle vivant en général, du cinéma et de la musique.

Dans le secteur des médias, Un service public de radio et de télévision ainsi qu’une aide spécifique pour les opérateurs à caractères associatifs ou coopératifs ( radios associatives, télévisions, presse) qui travaillent en faveur de la transmission des langues.

Dans divers domaines de la vie publique comme le reconnaît la Charte européenne des langues et cultures minoritaires.

Ceci pour permettre aux êtres humains de vivre en pleine cohérence avec eux-même et leur environnement proche , dans un esprit d’ouverture et d’échange .

Fédé : 42 rue Adam de Craponne 34000 MONTPELLIER 06 89 88 52 57 Comitat de Pais Nimesenc GLT 4 rue F. Pelloutier 30900 NIMES 06 61 49 62 78 gardaremlaterra@yahoo.fr

annexes :

Il serait facile aux éducateurs, aux maîtres de nos écoles, de montrer comment au XIIe et XIIIe siècles, le dialecte du Midi était un noble langage de courtoisie, de poésie et d’art, et comment il a perdu le gouvernement des esprits par la primauté de la France du nord. Mais, que de merveilleuses ressources subsistent en lui ! Il est l’un des rameaux de cet arbre magnifique qui couvre de ses feuilles bruissantes l’Europe du soleil, l’Italie, l’Espagne, le Portugal. Quiconque connaîtrait bien notre languedocien et serait averti par quelques exemples des particularités phonétiques qui le distinguent de l’italien, du portugais, de l’espagnol,, serait en état d’apprendre très vite l’une de ces langues (...). C’est de la pointe de l’Europe latine que j’envoie à notre France du Midi cette pensée filiale, cet acte de foi en l’avenir, ce vœu de l’enrichissement de la France totale par une meilleure mise en œuvre des richesses du Midi latin.

( texte original de Jean Jaures dans "Revue de l’Enseignement Primaire" - 15 octobre 1911

OCCITAN

Seriá facil als educators, als mèstres de las nòstras escòlas, de mostrar cossí als sègles XII e XIII, lo dialècte del Miègjorn èra un lengatge nòble de cortesiá, de poësia e d’art, e cossí a perdut lo govèrn dels esperits per la primautat de França de nòrd. Mas, quantas meravilhosas ressorças subsistisson en el ! Es un dels rams d’aquest arbre magnific que cobrís de sas fuèlhas brusosas Euròpa del solelh, Italia, Espanha, Portugal. Qual coneisseriá ben lo nòstre lengadocian e seriá assabentat per qualques exemples de las particularitats foneticas que lo destrian de l’italian, del portugués, de l’espanhòl, seriá en estat d’aprendre fòrça lèu una d’aquestas lengas (...). Es de la punta d’Euròpa latina que mandi a nòstra França del Miègjorn aquesta pensada filiala, aquest acte de fe en l’avenidor, aqueste vòt de l’enriquiment de França totala per una melhora mesa en òbra de las riquesas del Miègjorn latin.

(revirat per Joan-Daniel Esteve) autre texte de Jean Jaurès « La Dépêche » - 15 août 1911

Dans les quelques jours que j’ai passés à Lisbonne, il m’a semblé plus d’une fois, à entendre dans les rues les vifs propos, les joyeux appels du peuple, à lire les enseignes des boutiques, que je me promenais dans Toulouse qui serait restée une capitale, qui n’aurait pas subi, dans sa langue une déchéance historique et qui aurait gardé, sur le fronton de ses édifices, comme à la devanture de ses plus modestes boutiques, aux plus glorieuses comme aux plus humbles enseignes, ses mots d’autrefois, populaires et royaux. De se sentir en communication avec la beauté classique par les œuvres de ses poètes, de se sentir en communication par sa substance même avec les plus nobles langues des peuples latins, le langage de la France méridionale recevra un renouveau de fierté et de vie. Notre languedocien et notre provençal ne sont guère plus que des baies désertées, où ne passe plus le grand commerce du monde ; mais elles ouvrent sur la grande mer des langages et des races latines, sur cette « seigneurie bleue » dont parle le grand poète du Portugal.

Il faut apprendre aux enfants la facilité des passages et leur montrer par delà la barre un peu ensablée, toute l’ouverture de l’horizon.

J’aimerais bien que les instituteurs, dans leurs Congrès, mettent la question à l’étude.

C’est de Lisbonne que j’ai écrit ces lignes, au moment de partir pour un assez lointain voyage, où je retrouverai d’ailleurs, de l’autre côté de l’Atlantique, le génie latin en plein épanouissement. C’est de la pointe de l’Europe latine que j’envoie à notre France du Midi cette pensée filiale, cet acte de foi en l’avenir, ces vœux de l’enrichissement de la France totale par une meilleure mise en œuvre des richesses du Midi latin.

lire les textes complets : http://gardaremlaterra.free.fr/article.php3 ?id_article=29

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